Instaurer une cohérence entre les discours des acteurs de terrain Harmoniser le conseil technique
En Champagne-Ardenne, les distributeurs, conseillers indépendants et instituts travaillent de concert pour acquérir des références techniques locales et apporter un maximum de cohérence dans le conseil divulgué aux agriculteurs.
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Les agriculteurs ont accès à de multiples sources de conseil technique (distributeurs, chambre d'agriculture, Ceta...) et peuvent parfois être perdus face à des informations trop différentes d'une structure à une autre. En Champagne-Ardenne, des comités techniques ont été créés, notamment pour instaurer de la cohérence entre les acteurs. « Sur les vingt départements de notre zone d'activité, celui de l'Aube est l'exemple le plus poussé en matière de partage d'informations », explique Christian Savary, responsable agronomique, chez Soufflet Agriculture.
Le comité aubois est né en 1978 à l'initiative du CDJA et de la FDSEA. « Aujourd'hui, il est chapeauté par Végélia, réseau aubois de référence agricole », explique Jean-Luc Follot, responsable de l'équipe conseillers de la chambre d'agriculture. Font partie de ce comité, les conseillers des instituts techniques (Arvalis, Terres Inovia, ITB), des OS (Soufflet Agriculture, Scara, Vivescia, Axéréal, Ets Ritard), de onze GDA et six Ceta. Il se réunit environ six fois par an pour traiter une ou plusieurs cultures : colza-escourgeon, blé, orge de printemps-pois, maïs, betterave-pomme de terre, tournesol-soja. En Haute-Marne, porté par l'APVA (Association production végétale et agronomie), le comité existe depuis plus de trente ans et réunit Arvalis et Terres Inovia, Dijon céréales, Vivescia, la Sepac, Soufflet Agriculture et EMC2. Dans la Marne, il regroupe quinze Geda, trois Ceta, Vivescia, Acolyance, Novagrain et Juniville.
Un nombre élevé d'essais sur les variétés
Si au départ dans la Marne et l'Aube, les essais concernaient à la fois les produits phytos et les variétés, aujourd'hui les premiers sont délaissés (lire encadré). Pour les variétés, le tronc commun, qui sera mis en place par chaque acteur, est établi en fonction des variétés de référence de chacun et des nouveautés. « Mais cela devient de plus en plus compliqué à établir car les semenciers segmentent de plus en plus le marché », s'inquiète Rémy Vanhaesebroucke, de la chambre d'agriculture de la Marne. Au final, l'Aube et la Marne réalisent une soixantaine d'essais et la Haute-Marne cinq à six essais par espèce (blé, orge, colza).
Dès la récolte, une synthèse par espèce est présentée lors d'une réunion avec l'institut concerné qui dresse un bilan de campagne avec les éléments marquants. A la lumière des essais, les échanges entre acteurs permettent de dresser le profil des variétés testées. Chaque OS porte ensuite à la connaissance de tous, son choix variétal pour les semis à venir. « Notre gamme n'étant pas extensible, il est important que la demande de nos adhérents corresponde à ce que nous avons en stock, souligne Nicolas Charriat, du pôle agronomique de la Scara. De plus, en blé, nous avons seulement deux essais. La synthèse est donc très importante pour nous car deux sites ne suffisent pas toujours pour avoir de bonnes références. Et nous ne sommes pas à l'abri d'un accident climatique qui nous en fasse perdre un. » Même intérêt en Haute-Marne pour Vivescia et la Sepac, à savoir consolider leurs références sur des terres à potentiel modéré et variable où ils réalisent peu d'essais.
Un rôle d'appui technique sur l'environnement
Si la Marne et la Haute-Marne se focalisent essentiellement sur les variétés, dans l'Aube le panel d'actions proposées est beaucoup plus vaste permettant à chacun d'y trouver son intérêt. Ainsi, l'agronomie étant revenue au premier plan, des stratégies en interculture ont été comparées.
« Les mélanges à base de légumineuses ont été étudiés pendant cinq ans pour prouver à l'administration leur intérêt agronomique et environnemental. Le comité a en effet un rôle d'appui technique pour argumenter sur des dossiers environnementaux, comme la directive nitrates. L'administration est plus à l'écoute d'une démarche collective qu'individuelle. » La fertilisation localisée a aussi été travaillée. « Ces thèmes sont difficiles à étudier seul », insiste Nicolas Charriat. « A plusieurs on obtient des réponses plus rapidement et plus robustes, poursuit Christian Savary, et elles sont complétées par l'intervention d'experts qui peuvent nous apporter des idées innovantes. »
Au-delà des références acquises, les comités contribuent à la dynamique existante historiquement dans la région en matière de travail en commun autour des sujets techniques. Les échanges entre participants permettent de mieux connaître les choix et contraintes des uns et des autres, les besoins des filières, et d'harmoniser le plus possible les préconisations. En organisant des voyages d'études, le comité technique aubois offre une ouverture sur d'autres horizons.
Chantal Urvoy
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